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Un jour de mon enfance, j’ai décidé d’être peintre. Très vite je n’ai cessé d’entretenir avec la musique un rapport privilégié plus qu’avec la nature. Ainsi ma première peinture à l’huile me fût inspirée par : « La Pavane pour une infante défunte » de M. Ravel.
Outre le fait que certains sons me suggèrent des tons, je mets en espace couleur ce qui m’émeut et que je crois entendre de cet espace temps de la musique.
Bien des années après, ma rencontre avec les variations « Goldberg » allait fonder ce travail de « D’ors et Déjà ».
« D’ors et Déjà » c’est un jeu de mot qui me protège de la grandeur de Bach et qui décline un travail original sur dix-sept années.
Ce n’est pas une illustration qui aurait consisté à plaquer une image sur chaque variation. Encore moins une transcription comme l’ont tenté les peintres « musicalistes » des années 20 tel H. Valensi. Peut-être est-ce un prétexte amoureux à une méditation sur le temps dans le temps.
Du premier Aria à l’Aria final, il s’agit d’un tout. Chaque variation a sa place particulière entre celle qui la précède et celle qui la suit. En quelque sorte une série.
La série me paraît une nécessité pour donner sens à la peinture non figurative qui court le risque majeur du décoratif. Cette globalité par la série des variations Goldberg impose une vision équivalente dans les « D’ors et Déjà » et pour la montrer je décide une sorte de scénographie.
N’étant pas musicien j’ai commencé par écouter tous les enregistrements des « Goldberg ». J’ai retenu G. Leonhardt parce que, outre les qualités exceptionnelles de ce musicien, son interprétation me paraissait la plus proche de mes soucis d’espace scénographique.
Ainsi, par exemple : Après l’attaque de la 1ère variation, tempo et intensité des sons, toute en douceur, il ne trouve l’éclat qu’avec la 4ème variation. Sur 100 mètres linéaires de cimaises, ces effets de contrastes sont fondamentaux.
Ce sont des écoutes répétées qui m’ont permis :
De noter la dominante colorée de chaque variation ce qui entraîne un rythme aussi prégnant que l’alternance en musique des temps forts, temps faibles.
De fixer la taille, les dimensions de chaque variation. Ainsi il m’a semblé entendre par cinq fois un rythme analogue, quelque chose d’une marche calme, débonnaire. Un rythme qui fait scansion dans le déroulement de l’œuvre, j’ai choisi alors un format carré 97x97 par cinq fois identique. Il s’agit des variations I, IV, IX, XII et XIX.
Un carré aussi mais de 130x130 pour la farce du Quodlibet.
Les toiles pour la plus part s’alignent sur une hauteur de 130, mais pour certaines d’entre elles j’ai choisi une taille plus significative digne de l’ampleur de la variation. Ainsi les variations XIII, XV, XXI, XXIII et XXV.
La variation XVI est un biptyque où s’enchaîne après une ouverture à la Française un mouvement fort, vif et brillant.
Pour moi, la grande peinture de Musée est morte avec Cézanne.
Mais il nous reste encore la confidence, d’âme à âme.
Jomelli janvier 2011
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